Une toile sous les étoiles!
Quoi de mieux pour admirer les stars que de s’allonger sous la voie lactée. Voila l’idée !
Tous les concepts de cinéma déclinent systématiquement des rangées de spectateurs les unes derrières les autres, sur des sièges, des emmarchements, des transats, des voitures, chaque fois en position assise. Ici, nous réinterrogeons le rapport du spectateur à la toile.
Notre cinéma ne possède qu’une rangée, un plancher, plaçant tous les spectateurs à la même distance de l’écran. C’est un cinéma équitable. Allongé, blotti dans un pouf, en groupe ou seul, scrutant le plafond, le spectateur assiste, dans la position la plus reposante qui soit, à la projection du film de son choix. Posture atypique ? Position incongrue ? Le spectateur se détend, s’abandonne à la fiction, sans que l’inconfort d’une assise finisse par lui rappeler les lois de la gravité.
L’équipement est une construction temporaire. Il se construit et se déconstruit. Il se déplace et se transporte. Démonté, il est conditionné dans 10 containers. Transportés de site en site ils sont vidés et assemblés. Tous les éléments du convoi sont partie prenante de l’installation. Le contenu comme le contenant. Les containers constituent la structure, le contenu les remplissages. L’écran et les équipements de sonorisation sont assemblés au sol. Fixé sur des rails en crémaillère sur les faces latérales des colonnes, l’écran tendu sur une structure en poutres triangulées est hissé à 24 m de hauteur. Deux containers sont placés au RDC, au centre de la construction. Ils accueillent les guichets, le bar et la salle de projection. Ils participent également à la structure en supportant les poutres du plancher de la salle de l’étage. En périphérie, des câbles et des barres de flèches ceinturent les colonnes et permettent le tressage des pagnes constituant les façades du cinéma et assurant la ventilation naturelle.
Ce cinéma est local. Il valorise des matériaux disponibles dans la capitale sénégalaise. Les containers rappellent l’importance du port de la ville à travers la valorisation d’objets industriels usagés. Le tressage des façades valorise l’artisanat traditionnel, tandis que les pagnes affichent l’identité africaine de ce cinéma nomade.
Nous avons choisi d’implanter le cinéma sur le bord de mer, face au rond point de l’université. Dans ce vaste espace, à l’horizon infini, le cinéma surgit. C’est un cube de pagnes tressés en lévitation. Une lanterne posée sur le littoral dakarois, intriguant, s’érigeant en nouveau repère urbain. Sa position stratégique le place à moins de 20 minutes de n’importe quel quartier de Dakar. Sa proximité avec l’université le rend encore plus facilement accessible par les étudiants.
Le public rentre sous le cube, déambule entre les guichets et le bar faisant face à la mer. Il accède à la salle via les escaliers intégrés aux containers situés aux 4 coins. À l’étage, la coursive périphérique donne accès au tatami. Un garde-corps composé de casiers permet de se déchausser avant de s’installer. Accompagné d’un coussin qui lui a été remis au guichet, le spectateur n’a plus qu’à aménager sa place, un nid douillé, pour pouvoir apprécier son film.