THOMAS HUS ARCHITECTE | Lycée français La Fontaine – Niamey – Niger

Lycée français La Fontaine – Niamey – Niger

FICHE TECHNIQUE

MAITRE D’OUVRAGE
AEFE, Lycée Français La Fontaine de Niamey

MAITRISE D’OEUVRE
Thomas Hus Architecte, Architecte mandataire
Archinov, Architecte d’opération
VERDI Bâtiment Sud Ouest, BET TCE

COUT PRÉVISIONNEL TRAVAUX
950 000 euros HT
SURFACE PROJET
1386 m² SHON
CONCOURS

Une opération, deux entités distinctes, un site contraint, une multitude de surfaces et une diversité de hauteur sous plafond en fonction des locaux : ce sont les données de base du projet de pôle culturel et de pôle sportif du lycée La Fontaine de Niamey.

S’étirant sur la limite Est du lycée, le long de la rue de la cure salée, ce nouvel équipement s’élève à l’arrière des terrains de sport. De par son implantation, il est visible dès l’entrée dans l’établissement, ce qui présente l’avantage de le rendre incontournable. Il s’impose comme fond de scène, requalifiant l’enceinte du lycée. Il devient l’élément le plus marquant une fois passé le seuil du poste de garde extérieur. De ce fait, sa localisation est évidente, et par voie de conséquence ses accès explicites.

1350 m² de surface programme a organiser dans une emprise de 1500 m², le dilemme est posé. Avec une telle densité, comment ménager la lumière, les aérations et les vues depuis les espaces intérieurs.

Le projet exploite la totalité de la zone disponible pour l’opération. Il se présente comme un socle, qui s’étire des bâtiments d’enseignement aux vestiaires du plateau sportif, duquel émergent trois volumes. Ceux-ci correspondent aux éléments de programme nécessitant de la hauteur, tel que la salle polyvalente, le gymnase ainsi que la salle de musculation et la salle de danse qui sont superposées. Les espaces majeurs de l’opération s’affichent donc, tandis que l’ensemble des circulations et des locaux annexes intègrent le socle du projet.

La façade principale est la façade Ouest, celle exposée aux rayons brulant de la deuxième partie de journée. Elle se présente opaque. Elle préserve les espaces intérieures de la chaleur. Elle donne a voir des pignons qui dominent un soubassement. Si les émergences sont ponctuelles et présentent des variations, le soubassement s’étire d’un bout à l’autre du projet. Il s’impose donc comme une figure majeure de la composition, un élément commun au deux entités, qui nécessite un traitement particulier. Il est envisagé avec un module asymétrique qui se décline soit plein soit vide. Avec ce matériau, le linéaire de mur devient fluctuant. D’une part au cours de la journée, car le relief obtenu accroche la lumière et vibre de manières différentes en fonction des heures d’ensoleillement, et parce que la possibilité d’associer des modules vides à des modules pleins permet d’opacifier certaines zones tout comme d’offrir à d’autres endroits des transparences sur les espaces intérieurs. Le mur claustra relie les espaces, les préserves, les délimites, les laisse entrevoir, et permet d’y accéder lorsqu’il s’efface. A ses extrémités, annoncé par une casquette ou un retrait dans la façade, l’interruption du claustra est propice aux entrées du pôle culturel et du pôle sportif.

Un fois ce filtre passé, les espaces intérieurs se dévoilent.

Pour répondre à la densité, l’organisation se veut rationnelle. Il s’agit de limiter les circulations et dégager le maximum d’espace. Le plan général s’organise sur un enchainement de salles et de patios qui apportent de la lumière au centre du socle, offrent des vues depuis les salles et permet la ventilation naturelle transversale des espaces intérieures.

Ainsi donc, à l’arrière du mur claustras qui caractérise la façade sur cour et confère l’unité et la massivité du socle, se développent des patios paysagers. Chaque émergence répond à un vide, d’où s’élève un arbre de haute tige. Il a pour vocation de mettre en relation les différentes strates horizontales du projet et de signaler l’événement. Les patios confèrent des dégagements dans les circulations, des aérations dans l’organisation du rez-de-chaussée. Associés aux façades nord et sud, celles-ci sont alors privilégiées pour l’ouverture des bâtiments.  De part et d’autre des espaces paysagers, des ensembles de châssis en jalousies se répondent. Ainsi, bien que les circulations soient étanches entre le pôle culturel et le pôle sportif, les deux entités se considèrent et s’observent à travers une transparence permise d’un bout à l’autre du projet.

Les espaces paysagers sont une composante importante du projet. Ils sont des zones de contemplation. Ils sont omniprésents et accompagnent tous les déplacements, que l’on soit dans les circulations, les halls, la salle polyvalente, le gymnase, la salle de musculation comme dans la salle de danse. En tout point du projet, les espaces plantés l’agrémentent et contrebalance la minéralité des constructions. En contraste avec la rigueur des volumes et la géométrie de composition, ils ont vocation a assouplir les lignes en insufflant une écriture organique. En effet, la conception de la construction prône la simplicité. La simplicité des formes d’une part, mais également la simplicité des matériaux et des techniques de mise en œuvre. En conséquence, la palette des matériaux déclinée dans le projet se limite au béton, à la maçonnerie enduite, au carrelage, aux faux-plafonds et à la peinture. La sobriété de la composition est donc égayée par la verdure et la couleur de la végétation. Flamboyants, frangipaniers, et cordylines arborent leurs nuances de couleur dans chaque recoin du projet. Récurent entre le rez-de-chaussée, l’étage ou encore les toitures, les zones paysagères entretiennent un dialogue entre les niveaux.

Les espaces intérieurs du projet se veulent également sobres. Les matériaux sont classiques, carrelage ou sol souple suivant les destinations, peinture ou faïences suivant les usages, et faux-plafond. Il s’agit de maitriser les coûts de construction et faciliter les approvisionnements localement. La qualité des espaces réside dans les proportions, la lumière naturelle et les vues offertes par les larges ouvertures sur les patios, ou encore le shed de la salle de danse. Toutefois, une attention particulière a été apporté à l’acoustique en intégrant des panneaux absorbant en suspension dans les salles majeures de l’opération. De cette manière, l’absorption des bruits aériens sera favorisée, limitant le phénomène de réverbération et d’écho, et assurant ainsi un confort acoustique de qualité pour les usagers.

Le projet prévoit pour la salle polyvalente un gradin entièrement escamotable. Ce parti prit présente l’avantage de libérer l’intégralité de la surface de la salle lorsqu’il est rétracté sous l’emprise de la régie technique du premier étage. De cette manière, la surface exploitable dans la salle en configuration examen ou exposition est bien plus importante qu’en maintenant la moitié d’un gradin de 200 places. Pour ce type d’équipement faisant de toute façon l’objet d’une importation, rien ne semble s’opposer au fait d’envisager la version totalement rétractable qui offre plus de possibilité.

Bien que la rigueur du climat de Niamey ne permette pas d’envisager de se dispenser de climatisation, l’écriture architecturale du projet mis en place a été motivée par une amélioration de l’enveloppe thermique des espaces rafraichis, et ce afin de limiter les consommations d’énergie. Le principe privilégié est la protection de l’enveloppe intérieure de chacune de ces salles pour la préserver du rayonnement solaire direct. Pour ce faire, plusieurs dispositifs ont été mis en place. Tout d’abord, aucun vitrage n’a été mis sur les façades est et ouest, qui sont impactés par des rayons rasant dont il est plus difficile de se préserver tout en ménageant les vues. L’ensemble des fenêtres ont donc été disposées sur les façades nord, et sur les façades sud avec une casquette où un débord de toiture pour les maintenir à l’ombre. C’est ce qui nous permet d’ouvrir largement les espaces, favorisant encore une fois la lumière naturelle et les vues. Les façades Est et Ouest sont quant à elles systématiquement préservées soit par des locaux qui assurent un sas thermique comme des vestiaires, des stockages ou des locaux techniques, soit par le mur claustra du rez-de-chaussée, soit en dernier recours par un double mur ventilé.  En couverture, le projet privilégie des toitures végétalisées. Dans le cadre d’une stratégie de chantier, nous avons voulu limiter les corps d’état, et donc n’avons pas souhaité avoir recours à des charpentes métalliques, mais de travailler uniquement avec du béton. Avec ce matériaux, compte tenu des portées importantes des salles polyvalente, gymnase et danse, les sections de poutre le sont également. Gérées retroussées, cette mise en œuvre nous permet d’envisager la mise place d’une épaisseur de terre de 50 à 75 cm, qui assurera une bonne protection thermique des toitures.

Par ailleurs, le volet paysager développé dans le cadre du projet vient en complément de l’ensemble de ces dispositifs passifs. Les zones plantées sont déclinées à tous les niveaux, dans les patios au rez-de-chaussée, sur les toitures du premier étage, comme sur les couvertures des constructions émergentes. Au delà de l’aspect contemplatif non négligeable déjà évoqué, la présence de la végétation a pour effet de contribuer au phénomène d’îlots de fraicheur au sein même du projet. De part l’évaporation généré par les feuilles des plantes, la végétation régule l’hygrométrie et rafraichis l’air ambiant. Le volet paysager contribues donc à abaisser la température, et associé à la ventilation transversale des espaces, concours à améliorer le confort thermique à l’intérieur des bâtiments.